MASSILIA CUP. Une finale en fanfare

 

Un cadre idéal, un casting de rêve, une météo riche en diversité : la 38ème Massilia Cup organisée par le CNTL s’est achevée ce dimanche sous un beau soleil et dans des conditions optimales. La journée avait commencé tôt sur les quais du Vieux Port aux accents salsa rock de la fanfare de la Banda du Dock. Organisation aux petits oignons, palette de vent complète entre 5 et 25 nœuds sur les trois jours de compétition, les 105 équipages dont certains ont couru jusqu’à 7 manches, ont couronnés de beaux vainqueurs. La voile est à la fête sur le plan d’eau des JO 2024.

 

Carton plein. Après une entame vendredi avec de la brise et du soleil, puis un samedi arrosé et venté, les 105 équipages ont été accueillis en musique ce dimanche matin autour de l’habituel café-viennoiseries. Sur le plan d’eau, avec une houle résiduelle, un léger zéphyr d’Est mais petit flux d’Ouest prévu, les trois comités de course ont dû jongler avec les mouilleurs et jouer de l’aperçu avant de lancer les départs. Georges Korhel, responsable des régates à la SNST, notamment bien connu en tant que Directeur de Course des Voiles de Saint-Tropez ou des 900 Nautiques, est là comme chaque année depuis cinq ans à la tête du comité de course des IRC et Osiris sur le rond rouge. « Venir sur la Massilia, c’est l’assurance de voir régater des équipages de plus en plus pointus au fil des années. J’avoue être impressionné par la qualité des concurrents » explique-t-il. « J’aime aussi cette particularité de la Massilia de mêler IRC et Osiris, les deux classes étant très différentes mais avec les mêmes ambitions sportives. Nous devons nous adapter et trouver le juste milieu en proposant des parcours variés, et en privilégiant les côtiers pour les Osiris, la rade de Marseille étant un fabuleux terrain de jeu. » Avec trente bateaux en Osiris A et B, du Surprise au Farr 30, la jauge mise en place par la FF Voile est en plein essor. Le modèle à mailles fines Arome HD de Météo France a bien vu l’orientation des vents à l’Ouest en fin de matinée, et les neuf flottes ont pu disputer une dernière journée de rêve sous un soleil généreux.

 

 

“J’étais un peu inquiet pour la météo, et finalement nous finissons en apothéose.” Souligne Marc Sanjuan, le vice-Président du CNTL “Nous sommes ravis de cette 38ème édition, et je suis heureux de constater qu’avec son savoir-faire le CNTL est en capacité d’organiser des manifestations de haut niveau qui font le plein de concurrents et qui s’internationalise. Ce sont des prémices de très bon augure pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024. Le travail effectué sur le pôle course a amené des bateaux et de nombreux coureurs. Je ne doute pas que cet élan va continuer.”

 

IRC – Osiris : l’amour de la régate

En IRC 0-1, le TP52 Team Vision Future skippé par Jean-Jacques Chaubard l’emporte avec 8 points, talonné par l’autre TP52 Alizée mené par Laurent Camrubi. Les deux grands monocoques réussissent à sauver leur rating face au GP42 Confluence Sopra Dpmf de Jean-Pierre Joly. Sloughi Rivas Yachting le First 40, de Paul Rivas, domine de la tête et des épaules l’IRC 2 devant Adrénaline, le Sydney 46 de Michel Gendron. L’inoxydable Yves Ginoux, membre du CNTL et vice président de l’UNCL l’emporte quant à lui en IRC 3 sur Absolutly II (Mumm 36) devant le A 31 Jin Tonic Sequel de Bernard Daurelle. Duel au sommet du CNTL en IRC 4 où Christophe Heurtault sur Alkaid 3, le JPK 10.10, décroche la timbale devant le A 31 Ilogan de Pierre Perdoux.

 

Chez les Osiris, Uka Uka le Farr 30 de Stéphane Sollari lève la coupe de justesse devant Freeman 2 le JOD 35 de Pierre Saracco et Karinya le Dufour 36 de Hervé Gotard.
En Osiris B, c’est Marc Sanjuan junior qui s’adjuge les deux manches de la Massilia et inscrit le nom de Poussières d’Etoiles sur la plus haute marche. Kimbe Red! le Dufour 34 de Louis-Christian Derussy et Capella, l’Elan 340 de Jean-Marie Rue complètent le podium.

 

 

Les Solos optimisent

En solitaire, à l’issue de trois parcours côtiers d’une vingtaine de milles chacun envoyés par un comité présidé par Florence Baudribos à l’affut pour tirer le meilleur parti de la météo, c’est le Belge Guy Claeys sur son JPK 10.10 Expresso 2 qui l’emporte après une dernière manche de haute volée. « Je n’ai rien lâché, et j’allais vite aujourd’hui. Je suis à l’aise dans le medium et ai bien anticipé la bascule de vent à l’Ouest » explique le régatier de Port-Grimaud Guy Claeys. « Je régate sur ce bateau depuis cinq ans et navigue en solo ou double depuis une dizaine d’années. C’est vraiment bien que la Massilia organise également de petits côtiers pour les solitaires. » Au général, il devance Eric Merlier, sur Telemaque 2 – également un JPK 10.10 – un sérieux concurrent qui n’est autre que le vainqueur de l’édition 2018, et le tenant du titre de Champion IRC solitaire Méditerranée. Le podium est complété par Franck Paillet, sur le Sun Fast 3200 Hokua.

 

Les Monotypes à donf

Pour les SB20 et à l’issue de sept manches, l’Anglais John Pollard sur Xcellent s’impose face à deux équipages russes.
Chez les Grand Surprise, Loïc Fournier-Foch, aux commandes de Team Winds ViexuVieux Farceur s’impose devant Bérenger Dantes (Brigand) grâce à sa victoire dans l’ultime manche.

 

En bref :
  • Le CNTL Le Cercle Nautique et Touristique du Lacydon confirme son objectif d’être la place forte de Méditerranée en ce qui concerne la régate en solitaire ou en double. Cela s’est confirmé cette année avec une participation en hausse de la catégorie IRC solo (+ 60 %). De fait, le CNTL va organiser un stage d’entraînement pour les solitaires et les doubles fin avril sous la direction du Marseillais Christopher Pratt, co-skipper de Jérémie Beyou (deux podiums sur la Transat Jacques Vabre).
  • Bouée à la mer Chose plutôt rare et cocasse en régate, un paquebot de croisière quittant la cité phocéenne à destination de la Grèce, a tout simplement emporté la bouée « large » en rade Nord que devaient virer les concurrents. Le jury présidé par Jean-André Cherbonel avec Hélène Silve, a donc logiquement décidé de ne pas déclasser les équipages n’ayant pu contourner la marque arrachée.

EVITER LE DÉMATAGE : Coup de barre

POUR ÉVITER LE DÉMATAGE  SUITE A RUPTURE DES HAUBANS

Bertrand Chéret nous délivre un de ses « trucs » pour éviter la catastrophe…

Coup de barre

Depuis quelques années le plan d’eau tire-bouchonné de Blaye voit se dérouler l’originale Channel 8 que les épicuriens surprisistes ne sauraient manquer puisqu’il s’agit de la rencontre des marins et de grands vins, chaque équipage défendant les couleurs d’un château se voyant festoyer et loger dans le dit château.

Comme d’habitude ce fut une festive épreuve sauf pour Scarus qui démâta sur rupture d’un galhauban au niveau de la barre de flèche.
Un incident rarissime mais qui mérite peut-être qu’on réfléchisse.

Par compression, le hauban marque au niveau de la barre de flèche.
L’angle formé est trop faible pour l’endommager. Par contre, la barre de flèche étant disposée sensiblement à l’horizontale, en raison de son ancrage sur le mât, divise l’angle formé en deux angle inégaux, celui au-dessus étant beaucoup plus fermé que celui du dessous.

En conséquence :
– Toujours en raison de la compression la barre de flèche est chassée vers le bas.
– Le réglage se modifie
– Plus grave, à la compression qu’elle subit s’ajoute une flexion qui peut entraîner une rupture.

Pour éviter ces inconvénients on dispose d’un système à vis qui bloque le câble sur la barre de flèche. Plus on serre le câble et mieux on bloque. Mais, plus on serre plus on l’écrase, plus on risque de le détériorer.

Voici une petite astuce, simple à mettre en œuvre pour éviter cet inconvénient fort dommageable.
Après vous être assuré que les barres sont bien en place, symétriquement disposées, vous notez l’endroit où chacune appuie sur son hauban. Vous dégagez le câble pour sous cette marque, et après l’avoir dégraissé faites une petite surliure, à l’aide d’un fil enduit de colle forte. Vous repassez plusieurs fois, sur elle même, de telle façon qu’une fois durcie, elle puisse former une butée sur laquelle va s’appuyer la barre, supprimant ainsi sa possibilité de glisser vers le bas.

Bertrand Chéret

Trucs et Astuces

ETES VOUS A LA MASSE ?

Les précisions apportées dans l’article « II 1.8 – Poids » de nos règles de jauge, alimentent les conversations et me conduisent à souligner les points suivants :

° La masse intervient au cube sur la surface mouillée du voilier. En conséquence, il faut un net écart de poids pour que l’accroissement de la friction de carène soit mesurable dans les performances.

° Par contre, le poids joue beaucoup sur la force potentielle de l’inertie. Sur un déplacement linéaire, on prend en compte l’inertie totale du voilier, laquelle s’applique à son centre de gravité (ou d’inertie). Cette force d’inertie joue dans les deux sens : Le voiler le plus lourd est plus difficile à lancer, mais garde mieux son erre.

° Un vent de force 3 engendre un clapot désordonné qui peut dépasser 50 cm et courir à 15 km/h. Il en résulte une succession de heurts sur la coque qui dépendent de la présentation de celle-ci et de la vitesse de rencontre. Ce type de vague nécessite un surcroît d’effort tranchant. Cette puissance, cette force vive, dépend de trois éléments :

– la force vélique (Laquelle au près est liée à la raideur à la toile)

– la vitesse acquise (au carré)

– le poids

d’où pour ces deux derniers éléments la formule :   ½ masse x vitesse2

(À vitesses égales la force de percussion d’un rugbyman dépend de son poids ; il en est de même du voilier. )

° Plus le voilier est léger plus il faut favoriser la vitesse au détriment du cap, ce qui peut nécessiter plus de poids au rappel.

° La plupart des jauges cherchant à faire courir ensemble des voiliers différents (IRC, HN …) considèrent le poids comme un handicap et pénalise les voiliers légers. Au près dans le clapot, ce qui est vrai à partir d’une certaine taille – où de toute façon le voilier a une masse en proportion -, ne l’est pas forcément pour le Surprise lequel a besoin de toute sa puissance.

° Tant que le voilier est porté par plusieurs vagues, ses variations d’équilibre autour de son mouvement linéaire restent faibles. Au-delà, la carène se transforme, change ses appuis, agite et déséquilibre l’embarcation. Le tangage et le pilonnement engendre un grand gaspillage d’énergie. On peut remarquer que le comportement du Surprise lié à la répartition de ses volumes de carène est tout à fait remarquable comparé aux voiliers de même taille.

° Le problème se complique avec les phénomènes de balourd (Éloignement d’une masse éloignée du centre de rotation). En rotation (tangage, roulis, lacet), on ne peut négliger la répartition des masses  des différents éléments constituants (En régate, par exemple, on ne laisse pas l’ancre sur l’étrave). Une masse éloignée de son axe de rotation est difficile à remuer ; en revanche, une fois en mouvement, elle accumule de la force dans la direction de son déplacement et devient plus difficile à arrêter. Avant tangage, on peut avoir intérêt à étaler l’équipage sur la longueur, mais une fois engendré, il convient de le centrer.

Bertrand CHERET

Certificat IRC S.E.R

Naviguer en IRC n’a jamais été aussi simple.

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Pour plus d’informations concernant le Certificat de jauge S.E.R (Single Event Rating), merci de suivre le lien suivant :

Le Certificat IRC SER – Article UNCL

LES CLÉS POUR RÉUSSIR SON DÉPART par AMÉLIE RIOU

Prendre un départ canon nécessite d’avoir de bons repères de ligne, de savoir

à quelle profondeur on se situe et de combien de temps on aura besoin pour

se lancer. Pour approfondir ce sujet, le Projet P&C est allé à la rencontre de

la Lasériste Amélie Riou (EV Locquirec) qui donne ici deux de ses trucs pour

préparer son départ.

Télécharger le PDF. : Réussir son départ

LES TRUCS DE BERTRAND : Cables et Bouts

LES CABLES

Les avis sont partagés en ce qui concerne le choix des câbles. Le c-strand (dyform) apporte néanmoins 15 à 20ù de matière en plus, selon le diamètre du câble. Ceux qui sont retenus pour la jauge Surprise sont largement dimensionnés  pour la solidité et l’allongement. Tout câble peut chercher à se détoroner, à se détorde sous tension, et donc à s’allonger. Il est possible que la forme particulière du c-strand (dyform) apporte une meilleure résistance à ce phénomène, mais je n’ai pu obtenir de chiffre précis.

La plupart des relâchements de tensions constatés proviennent plus souvent de la mise en place des différents éléments : Ancrage sur le mât, tassement au pied, souplesse naturelle de la coque… En ce sens un contrôle périodique au tensiomètre peut s’avérer utile.

A titre personnel je m’en préoccupe pas beaucoup, probablement à tord, par contre je reste très attentif aux évolutions de la forme prise par le mât et les voiles en fonction de la force du vent et de l’état de la mer. On sait que certaine déformations sont utiles.

LES BOUTS

Les fibres à haut module sont utiles en régate pour les drisses de génois et à un degré moindre pour la grand-voile ; elles permettent de doser et tenir la tension de guindant. Elles sont inutiles pour la drisse de spi, la balancine et l’éventuel hale-bas de tangon. (Sur Agitato nous avons supprimé ce dernier, les barbers avancés au premier chandelier faisant office. Les manœuvres en sont simplifiées.) Les écoutes sont en fibre polyester (diam. 8 qui file mieux) sauf les écoutes de spi qui sont en spectra, car une bonne tenue du bras est essentielle au largue. (diam. 6).

LES CASSES FREQUENTES AU MATAGE

LES CASSES FRÉQUENTES AU MATAGE

On demande souvent quels sont les ennuis fréquents… et bien lors du matage, il y a au moins 2 points sur lesquels il faut faire attention : le pied de mat et les haubans. Pour le pied de mat, il faut bien vérifier que rien ne vient se coincer sous le pied de mat sinon l’intrus crée un bras de levier important sur l’axe et en général le pied de mat casse … ayez l’œil !

les haubans idem, lorsque le mat arrive à la verticale, vérifiez bien que les cadènes se placent correctement sinon, pliage assuré !

Le Surprise Saudade a l’ honneur

Le surprise Saudade appartenant à Yves THOMAS termine 2 ème du challenge d’automne 2018 de Port La Forêt (Bretagne Sud) après avoir remporté celui de Printemps.

Yves (cheveux blancs, ciré rouge, à gauche sur la photo) est un surprisiste convaincu et propriétaire de l’un des derniers surprises construit par Archambault…

Toujours de bonne humeur et attachant, Il a longtemps traîné son ciré du côté du Lac de La Forêt d’Orient prés de Troyes et sur de nombreux championnat de la série avant de s’installer en Bretagne.

Bravo à Yves qui représente bien la série tant sportivement que par son état d’esprit.

 

Gérard Lopez

EVITER LE DEMATAGE par Bertrand Chéret

POUR EVITER LE DEMATAGE SUITE A RUPTURE DES HAUBANS

Bertrand Chéret nous délivre un de ses « trucs » pour éviter la catastrophe…

Téléchargez le Doc : Coup de barre

 

Photo : Nicolas Venance

KITO DE PAVANT ami du Surprise

Route du Rhum : Kito de Pavant finit « sur une bonne note »

Il a décroché la 5e place de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe en Class40 en 17j 04h 49’ 47’’
Kito de Pavant : « Je finis sur une bonne note »
Dans cette régate transatlantique en solitaire, une des plus éprouvantes qu’il ait connues, le skipper de « Made in Midi » a prouvé qu’il fallait encore compter sur lui. Si le classement n’est pas à la hauteur de ses espérances, Kito de Pavant a eu le mérite de passer outre quelques mauvais coups de tabac… et du sort. Comme la perte de deux voiles essentielles qui a handicapé le rendement de son bateau « rouge et jaune ». Et s’il n’a pas pu s’exprimer pleinement dans la bagarre aux avant-postes de la flotte des Class40, Kito soulignera qu’il « ne faut pas oublier qu’on a débuté à 53 ». Tant il est vrai qu’arriver au bout de ce Rhum-ci tenait déjà de l’exploit pour certains. Et de l’échec pour beaucoup d’autres. Le « ti’punch » avalé sur le ponton de la marina de Pointe-à-Pitre n’en était que meilleur !

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Il était dit qu’il se battrait jusqu’au bout. Jusqu’au dernier souffle… de vent. Ce mercredi 21 novembre, au terme d’une transat de folie, après s’être fait tabasser par les dépressions, bastonner par les grains, bloquer par les nuages, éreinter par les alizés, rétamer par le manque de sommeil, et consumer par les empannages, le tout handicapé par la perte de voiles, Kito de Pavant a trouvé encore la force de se lancer dans un haletant match-racing dans les petits airs guadeloupéens ! Tout ça pour une médaille en chocolat. Que lui ravira, dans un dernier bord entre le canal des Saintes et la ligne d’arrivée de Pointe-à-Pitre, Arthur Le Vaillant le bien nommé, 30 ans, dans un ultime duel, loin toutefois du tiercé gagnant en Class40 Richomme-Chappellier-Sharp. Et c’est donc à la 5e place que le skipper de « Made in Midi » terminera une Route du Rhum-Destination Guadeloupe qu’il aura courue en totalité aux avant-postes. En 17j 4h 49’ 47’’, battant ainsi d’un souffle le temps de son podium de 2014 (17j 5h 07’ 03’’») (*).

« J’étais venu chercher la gagne. Là, c’était perdu très tôt. J’étais venu chercher la bagarre. Là, j’ai été servi », répétait-il, après avoir enfin touché terre (enfin quai) dans la marina de Pointe-à-Pitre, un « ti-punch » bien mérité à la main. « Mais bon, 17 rounds de bagarre, ç’est beaucoup, c’est même trop ». Car de la bagarre, il l’a en eue, Kito de Pavant. Contre les éléments, souvent déchaînés, contre ses adversaires, toujours enragés, contre le sort, un peu trop du mauvais côté. « Je perds deux voiles sur huit, grince-t-il. La perte du J2 m’empêche de prendre les devants, alors qu’on se rend compte que, depuis le début, c’est par devant que ça partait. Et quand j’ai déchiré le spi, j’ai pris un coup au moral. Et ça m’a empêché de rester dans le coup. Même si je trouve que j’ai bien navigué. Mais ça n’a pas suffi ». De la frustration, logique, de ne pas avoir pu se battre à armes égales. « Quand tu régates, cette frustration, c’est difficile à vivre, ça a pesé sur le plaisir de faire cette transat ».

Mais aussi des satisfactions. « Sur cette dernière journée, je me suis régalé. Je me suis détendu, j’ai pris du plaisir, je finis sur une bonne note. Le niveau a vraiment progressé en Class40, je m’en sors bien, je suis content. Et surtout, je dois remercier toute mon équipe, qui a fait un super travail sur le bateau. C’est vraiment un bon bateau, solide, rapide, qui m’a permis de rester dans le match. Et d’éviter le pire ». Le pire aurait été de ne pas terminer cette édition 2018, comme les 36 skippers (dont 16 en Class40) qui ne connaîtront pas la saveur du rhum. « Il ne faut pas oublier qu’on est parti à 53 », insiste Kito. « Et on ne se retrouve qu’à sept à se bagarrer pour la victoire ». Alors, au final, malgré la déception, qui passera, c’est heureux et soulagé, même sans trop faire le fier-à-bras, qu’en termine Kito de cette Route si mal pavée.  Et si longue. Car, comme disait Kafka : « L’éternité, c’est long, surtout vers la fin ».

 

(*) Kito de Pavant a coupé la ligne d’arrivée de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe à la cinquième place ce mercredi à 13h49’47 à Pointe-à-Pitre (18h49’47 en métropole), 54 minutes et 40 secondes après Arthur Le Vaillant et 1 jour 1 heure 27 minutes et 3 secondes après Yoann Richomme, Le skipper de Made in Midi a mis 17 jours 4 heures 49 minutes et 47 secondes pour couvrir les 3542 milles du parcours, il a réellement parcouru 4506 milles à la vitesse moyenne de 10,92 nœuds.